Depuis le 22 février 2019, des manifestations de masse majoritairement pacifiques appelant à une réforme politique sont organisées tous les vendredis dans toute l’Algérie. Initialement lancées en opposition à un cinquième mandat du président de l’époque Abdelaziz Bouteflika, les manifestations ont depuis évolué pour demander un « changement complet de système politique ».
Les autorités algériennes ont réprimé les manifestations du mouvement de contestation Hirak depuis le début. Elles ont parfois eu recours à une force excessive et injustifiée pour disperser des manifestations pacifiques et ont arrêté arbitrairement des manifestant·e·s pacifiques, bafouant ainsi leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Une élection présidentielle est prévue le 12 décembre, en dépit du rejet massif des manifestant·e·s dans les rues, qui demandent un changement complet de système politique. Dans les semaines précédant l’élection, les arrestations de manifestant·e·s pacifiques ont augmenté.
Personne ne devrait être harcelé, intimidé ou arrêté pour avoir travaillé sur les manifestations ou critiqué les candidats à l’élection présidentielle.
Hassina Oussedik, Directrice d'Amnesty International Algérie
La répression en chiffres
Répression des manifestants opposés à l’élection
Les arrestations ont commencé à augmenter de manière considérable avec le lancement de la campagne présidentielle : au moins 300 personnes ont été placées en détention lors de vagues d’arrestations menées entre le 17 et le 24 novembre, d’après des avocats spécialistes des droits humains de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADDH).
Les discours hostiles aux personnes s’opposant à l’élection présidentielle se sont également intensifiés ces derniers jours.
Le 17 novembre, au moins 37 manifestant·e·s pacifiques opposé·e·s à l’élection présidentielle ont été arrêté·e·s lors d’un rassemblement lié à la campagne électorale organisé par Ali Benflis, l’un des candidats à l’élection, à Tlemcen, dans l’ouest de l’Algérie. Quatre de ces personnes ont été déclarées coupables d’« incitation à attroupement non armé » et ont été condamnées à 18 mois d’emprisonnement, et 14 autres ont été condamnées à des peines de prison avec sursis. Plus de 150 personnes ont été arrêtées à Alger le 20 novembre lors d’une manifestation nocturne contre l’élection, d’après le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD).
La plupart de ces personnes ont par la suite été libérées, mais huit ont été inculpées d’« atteinte à la sécurité nationale » et d’« incitation à attroupement non armé » et sont toujours en détention provisoire. Vingt et une autres personnes ont été libérées mais doivent comparaître de nouveau devant le tribunal le 6 janvier 2020 pour des accusations comme « incitation à attroupement non armé », « désobéissance civile » et « atteinte à la sécurité nationale ».
Halim Feddal, défenseur des droits humains et fondateur de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC), a été arrêté arbitrairement le 17 novembre alors qu’il quittait une manifestation pacifique contre l’élection, à Chlef. Il est toujours en détention provisoire. D’autres personnes faisant campagne contre l’élection ont également été arrêtées à Ouargla, Boumerdes, Annaba et d’autres villes, lors de rassemblements de candidats à l’élection présidentielle.
Les violations commises par les autorités algériennes
Violences, arrestations et condamnations
Depuis le début du mouvement de contestation Hirak, Ramzi et ses amis parcouraient tous les vendredis les 50 kilomètres qui séparent Bougara, dans la wilaya de Blida, et Alger.