Réagissant à la disparition forcée de Samira Sabou, journaliste et blogueuse nigérienne enlevée à son domicile le 30 septembre par des hommes masqués qui se sont présentés comme des membres des services de sécurité, Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, déclare :
Nous sommes alarmés par la disparition forcée de Samira Sabou et nous demandons au Conseil national pour le salut de la patrie (CNSP) de révéler immédiatement où se trouve Samira Sabou et de veiller à ce qu’elle soit libérée rapidement et sans condition. Si les autorités ignorent réellement où elle est détenue, elles doivent enquêter et le découvrir sans plus attendre. Chaque jour qui passe est un jour de plus de violation du droit de Samira Sabou à la liberté et à un procès équitable et lui fait courir le risque d’être soumise à la torture ou à d’autres mauvais traitements.
Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel au bureau régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale
Samira Sabou est une militante profondément engagée dans la défense des droits de l’homme et la dénonciation de la corruption. Il est fort probable que sa disparition forcée soit liée à ce fort militantisme et à ses récentes dénonciations d’arrestations arbitraires par le CNSP.
« Le Niger a ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Nous demandons instamment au CNSP de respecter ses obligations en matière de droits de l’homme en vertu du droit national et international, y compris l’interdiction des disparitions forcées et la protection des droits à la liberté d’expression et à la liberté de la presse. Nous lui demandons également de respecter et de protéger les défenseurs des droits de l’homme, dont les droits sont garantis par les articles 4, 6 et 7 de la loi de juin 2022 sur les droits et devoirs des défenseurs des droits de l’homme, ainsi que par le droit international. »
Compléments d’information
Samira Sabou est journaliste, militante et présidente des blogueurs du Niger. Le 30 septembre 2023, elle a été arrêtée au domicile de sa mère à Niamey par plusieurs hommes masqués qui se sont présentés comme des membres des forces de sécurité. Les hommes masqués ont montré leurs cartes professionnelles et ont insisté pour que Samira les suive dans une voiture, où elle a été cagoulée et conduite vers une destination inconnue de sa famille et de son avocat. Ni sa famille ni son avocat n’ont pu lui parler depuis son arrestation, ni savoir où elle a été emmenée. Le service des enquêtes criminelles de la police de Niamey affirme également ne pas être au courant de cette affaire.
D’autres violations ont été commises récemment à l’encontre de personnes qui n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression.
Le 3 octobre, Samira Ibrahim, une utilisatrice de médias sociaux connue également sous le nom de “Precious Mimi”, a été condamnée à six mois de prison avec sursis et à une amende de 300 000 francs CFA (479 USD) pour avoir “produit des données susceptibles de troubler l’ordre public”. Elle a été inculpée pour une publication sur Facebook, dans laquelle elle faisait référence au refus de l’Algérie de reconnaître le nouveau gouvernement nigérien.