À l’approche du vote prévu le 9 janvier 2023 au Conseil de sécurité des Nations unies sur une éventuelle prolongation du mécanisme transfrontalier qui permet à l’ONU d’acheminer une aide vitale à travers la frontière turco-syrienne pour la population du nord-ouest de la Syrie, Aya Majzoub, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« Alors que le gouvernement syrien continue d’empêcher l’aide de parvenir dans les régions qui se trouvent en dehors de son contrôle, la survie d’au moins quatre millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie tenu par l’opposition dépend de l’acheminement de l’aide depuis la Turquie, par l’intermédiaire du mécanisme transfrontalier de l’ONU. La Russie et la Chine ont déjà contraint l’ONU à fermer trois corridors humanitaires vers la Syrie depuis trois ans et c’est le dernier qui reste. Si le Conseil de sécurité ne renouvelle pas la résolution, des millions de personnes seront coupées d’une aide vitale – alimentation, eau, sanitaires, médicaments, fournitures pour l’hiver et logement notamment – et subiront de nouveaux préjudices alors qu’elles souffrent déjà énormément.
« Plus de la moitié de la population déplacée dans le nord-ouest de la Syrie vit dans des petites tentes prévues pour une personne, sans isolation contre le froid glacial de l’hiver, alors que les températures chutent en-dessous de zéro. Il faut lutter pour avoir chaud, mais aussi pour garder les tentes et les affaires au sec et avoir accès aux latrines, car la région connaît de graves inondations. Si ce mécanisme d’aide transfrontalier n’est pas prolongé, il faut s’attendre à une véritable catastrophe humanitaire.
« Bloquer le renouvellement de la résolution serait un acte honteux. Il ne fait absolument aucun doute que l’ampleur et le volume de l’aide nécessaire pour couvrir les besoins de la population déplacée à l’intérieur de la Syrie ne pourront être atteints qu’en prolongeant ce mécanisme de l’ONU. »
Complément d’information
Le mécanisme d’aide transfrontalière de l’ONU a été mis sur pied en 2014, permettant à l’ONU et à ses partenaires d’acheminer de l’aide sans l’autorisation du gouvernement syrien.
Depuis, l’ONU et ses partenaires, ainsi que d’autres organisations humanitaires, acheminent de l’eau, des denrées alimentaires et des produits d’hygiène, et fournissent aussi des efforts humanitaires dans les domaines des installations sanitaires, de la santé, de l’éducation et de la protection pour les personnes qui vivent dans le nord-ouest de la Syrie, notamment celles qui sont déplacées à l’intérieur du pays.
En juillet 2022, Amnesty International a publié un rapport qui expose en détail comment des millions de personnes déplacées dépendent entièrement de l’aide humanitaire facilitée par le mécanisme transfrontalier de l’ONU, en raison du refus du gouvernement syrien et des obstacles à l’accès aux services essentiels.