Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d’Amnesty International est une équipe pluridisciplinaire qui recense à distance les atteintes aux droits humains à l’aide d’outils d’investigation numérique de pointe. Il contribue à faire en sorte que les informations provenant de zones de conflit soient exactes, soient diffusées rapidement et répondent aux besoins des activités de défense des droits humains dans les situations de crise.
Ce travail est particulièrement important lorsqu’il est dangereux pour les chercheurs et les chercheuses d’être sur le terrain, et à une époque où les informations fausses et trompeuses peuvent se diffuser rapidement.
Comment fonctionne le Laboratoire de preuves en Ukraine ?
Le Laboratoire de preuve s’attache à détecter et à vérifier les circonstances de potentielles attaques illégales ayant fait des morts et des blessés parmi les civils, et ayant détruit ou endommagé des infrastructures civiles en Ukraine. Les éléments essentiels ainsi rassemblés pourront ensuite être utilisés pour amener les responsables à rendre des comptes.
Le Laboratoire de preuves recueille des contenus audiovisuels et les analyse en vue de prouver des violations du droit international. Il peut s’agir d’images satellites, d’enregistrements vidéo et de photos de frappes aériennes et d’autres attaques, et de leurs conséquences, ou encore d’images de débris d’armes. Lorsque c’est possible, les éléments de preuve sont corroborés par des entretiens avec des témoins des attaques.
Plusieurs attaques des forces russes en Ukraine, énumérées ci-dessous, ont été vérifiées à ce jour par le Laboratoire de preuves. Certaines d’entre elles – notamment des frappes sur des hôpitaux et des écoles, des attaques menées sans discrimination qui ont tué ou blessé des civils, ainsi que l’utilisation d’armes à sous-munitions interdites – pourraient constituer des crimes de guerre au regard du droit international.
Liste des attaques en Ukraine vérifiées par Amnesty International à ce jour :
*Cette liste est mise à jour régulièrement
- 17 février : trois civil·e·s blessés dans le bombardement d’une école maternelle dans la municipalité de Stanytsia Louhanska.
- 24 février : quatre civil·e·s tués par un missile balistique dans un hôpital de Vouhledar.
- 24 février : un homme tué par une frappe contre un bâtiment résidentiel à Kharkiv.
- 24 février : mort d’un civil à Ouman.
- 25 février : trois civil·e·s, dont un enfant, tués par des tirs d’armes à sous-munitions interdites contre une école maternelle à Okhtyrka.
- 25 février : un missile endommage l’école n° 48 de Marioupol.
- 26 février : une arme explosive, sans doute un obus d’artillerie, frappe le deuxième étage d’une école maternelle à Tchernihiv.
- 28 février : mort de quatre civil·e·s, dont un enfant et trois personnes partis chercher de l’eau potable, dans une attaque par armes à sous-munitions à Kharkiv.
- 28 février : des frappes dans la rue Klochkovskaya à Kharkiv font des blessé·e·s parmi les civil·e·s, dont une femme ayant ensuite succombé à ses blessures.
- 28 février : plusieurs personnes blessées à Kharkiv dans un parking touché par des armes à sous-munitions. · 3 mars : une attaque à la bombe conventionnelle aurait fait 47 morts à Tchernihiv.
- 3 mars : une attaque à la bombe conventionnelle aurait fait 47 morts à Tchernihiv.
Qu’est-ce que le Laboratoire de preuves ?
Dans le cadre du programme Réaction aux crises d’Amnesty International, le Laboratoire de preuves regroupe des expert·e·s, entre autres des personnes qui enquêtent sur des données visuelles en open source, des spécialistes de la télédétection, des armements et des spécialistes des données, ou encore des développeurs, afin de mener des enquêtes numériques et de raconter ce que subissent les personnes les plus touchées par le conflit.
Le site du Laboratoire de preuves offre un espace en ligne permettant d’échanger les bonnes pratiques, les nouvelles techniques, les ressources et les guides, afin d’aider les personnes qui enquêtent sur les droits humains à tirer parti du grand nombre d’informations diffusées chaque jour sur Internet.
Pour en savoir plus sur leur travail, cliquez ici (en anglais).
Comment le Laboratoire de preuves découvre-t-il les attaques sur lesquelles il enquête en Ukraine ?
Le Laboratoire de preuves reçoit des informations issues de diverses sources, y compris des preuves « recueillies par les citoyen·ne·s », c’est-à-dire qui n’ont pas été collectées par un spécialiste reconnu des enquêtes sur les droits humains.
Les contenus de ce type, fréquemment diffusés publiquement sur des réseaux sociaux comme Twitter, Facebook et YouTube, révèlent souvent de manière très détaillée des atteintes aux droits humains qui auraient pu passer inaperçues. Le Laboratoire reçoit aussi directement des preuves de la part de témoins sur le terrain.
Comment le Laboratoire de preuves vérifie-t-il les attaques ?
En fonction de ce qu’ils recherchent, les spécialistes du Laboratoire de preuves ont recours à différentes méthodes de vérification, notamment les suivantes :
Chronolocalisation
Il s’agit de confirmer où et quand une vidéo ou une photo a été prise. Les spécialistes peuvent pour cela recouper le document avec des images satellites, des photos prises sur place et d’autres informations publiques, par exemple en examinant le paysage, les arbres, les bâtiments et les rues apparaissant sur les images pour vérifier s’ils concordent avec Street View ou d’autres photos prises dans un lieu connu.
Ils peuvent aussi analyser les conditions météorologiques et les ombres pour voir si elles correspondent aux circonstances dans lesquelles la photo ou la vidéo aurait été prise.
Télédétection
Les spécialistes utilisent des images satellites et d’autres capteurs (radar et LiDAR, par exemple) pour détecter des signes révélateurs d’attaques, comme des bâtiments détruits, des cratères, des débris ou encore des mouvements de troupes ou d’armes. Il est également important d’avoir une vue d’ensemble pour recouper et vérifier les cibles potentielles et comprendre la dynamique de ces attaques.
Identification des armes
Les expert·e·s en armement d’Amnesty International analysent des photos, des vidéos et d’autres données pour déterminer quelles armes sont utilisées et si elles entraînent des atteintes aux droits humains. Ils peuvent
pour cela étudier la forme du cratère laissé par un missile, regarder des vidéos de frappes aériennes ou examiner des photos de débris d’armes. Les spécialistes analysent aussi des données sur le commerce des armes pour comprendre à qui elles appartiennent.
Témoins
Il est important de noter que le Laboratoire de preuves travaille avec des chercheurs et chercheuses qui interrogent des témoins des attaques et qui recueillent des témoignages susceptibles de corroborer les preuves numériques.
Conservation
Le Laboratoire de preuves répertorie et conserve l’ensemble des éléments de preuve originaux, ainsi que les vérifications et analyses menées, pour les mettre à la disposition des mécanismes d’obligation de rendre des comptes et de justice. Notre but est de soutenir les acteurs judiciaires concernés et de leur remettre nos éléments de preuve afin que les responsables soient amenés à rendre des comptes.
Pourquoi est-il important de vérifier les attaques ?
Le Laboratoire de preuves s’attache à la fois à enquêter de manière approfondie, en recensant de manière extrêmement détaillée des attaques particulières, et à avoir une vision d’ensemble de la situation, en recherchant des schémas de violations et en établissant une chronologie détaillée des événements. L’un de ses principaux objectifs est de dresser un bilan précis des faits, pour lutter contre la mésinformation et la désinformation, souvent omniprésentes pendant les conflits et d’autres situations de crise.
Ce travail de documentation est également utile pour répertorier les éléments fiables qui pourraient être utilisés ultérieurement pour demander des comptes aux responsables d’atteintes aux droits humains.
De manière plus générale, nous contribuons à raconter ce que subissent les personnes directement touchées par ces crises et à faire entendre leur voix.
METTEZ FIN À L’AGRESSION
ET PROTÉGEZ LA POPULATION CIVILE EN UKRAINE
Demandez aux autorités russes de mettre fin à cet acte d’agression et de protéger les civil·e·s immédiatement
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