La cour d’appel d’Alger a condamné le 24 mars 2020 Karim Tabbou, figure majeure de l’opposition politique, à une peine d’un an de prison et à une amende de 50 000 dinars algériens (environ 375 euros) pour des accusations forgées de toutes pièces relatives à l’« incitation à la violence » et à l’« atteinte à la sécurité nationale », en raison de discours vidéos publiés sur la page Facebook de son parti politique, dans lesquels il critiquait sans violence le rôle de l’armée dans la politique.
En réaction à la décision de la cour, Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
La décision rendue ce jour par la cour d’appel adresse un message délibéré et inquiétant aux manifestant·e·s, y compris aux militant·e·s politiques et aux militant·e·s de la société civile : quiconque ose s’opposer au gouvernement ou le critiquer sera puni.
Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient
Karim Tabbou n’aurait jamais dû être inculpé en premier lieu simplement pour avoir exprimé des opinions politiques pacifiques et il doit être libéré immédiatement et sans condition.
Au lieu de persécuter les voix critiques et les personnes qui expriment librement et avec courage leurs opinions, les autorités algériennes devraient annuler sans attendre la condamnation de Karim Tabbou et abandonner toutes les charges retenues contre lui.
« À un moment où la pandémie du Covid-19 incite les gouvernements du monde entier à envisager des libérations anticipées de prisonniers, les autorités algériennes doivent libérer immédiatement toutes les personnes emprisonnées pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux. Elles doivent aussi envisager sans délai de libérer d’autres détenus – particulièrement les détenus en attente de leur procès et les plus vulnérables face au virus – et prendre les mesures nécessaires afin de protéger la santé de tous les prisonniers. »
Complément d’information
Karim Tabbou, leader de l’Union Démocratique et Sociale (UDS), parti politique non enregistré, a été arrêté en septembre 2019 et est maintenu en détention à l’isolement depuis. Il n’est pas autorisé à communiquer avec d’autres prisonniers et n’est autorisé à quitter sa cellule qu’une fois le matin et une fois le soir, pendant 30 minutes à chaque fois. D’après ses avocats, sa santé se dégrade. Le 24 mars, il n’a pas pu assister à l’audience de son procès, car il a été transféré à l’infirmerie du tribunal dès son arrivée de la prison d’El Kolea.