Depuis le 22 février 2019, la mobilisation pacifique des algérien.ne.s est impressionnante et historique.
Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des étudiant.e.s, des avocat.e.s, des journalistes, toutes et tous sont sorti.e.s dans la rue, aux quatre coins du pays, pour exprimer leurs revendications de liberté, de justice, de dignité et d’égalité.
A quelques jours du premier anniversaire du début du Hirak, nous attendons des actes forts de la part des autorités marquant la rupture avec les pratiques contraires aux droits humains
Hassina Oussedik, Directrice d'Amnesty International Algérie
Les manifestations dans tout le pays, y compris à Alger, ont été globalement tolérées, cependant les autorités ont eu recours à plusieurs reprises à un usage injustifié ou excessif de la force, au blocage d’espaces publics ou l’accès à la capitale et à des arrestations arbitraires et ciblées dans différentes wilayas.
Usage excessif de la force au cours de certaines manifestations
Les forces de l’ordre ont eu recours à la force excessive au cours de certaines manifestations. Un manifestant pacifique, Ramzi Yettou est mort après avoir été roué de coups par des policiers. D’autres manifestants pacifiques ont perdu un œil. Au moins 5 détenus ont été victimes de mauvais traitements.
Le militant Kamel Eddine Fekhar est mort après 50 jours de grève de la faim pour protester contre son emprisonnement arbitraire et illégal en raison de ses publications sur Facebook.
Les responsables de ces actes doivent être traduits en justice
La liberté d’expression bâillonnée
Depuis le 22 février 2019, des centaines de personnes ont été arrêtées arbitrairement dans plusieurs wilayas. Elles ont été accusées, entre autres, d’ « atteinte à l’intégrité du territoire national », d’ «atteinte au moral de l’armée» ou d’« incitation à attroupement non armé » alors qu’elles n’ont fait que s’exprimer pacifiquement.
Après des mois de mobilisation, plusieurs manifestant.e.s sont libres après avoir purgé leur peine, d’autres condamné.e.s à des peines de prison avec sursis ou ont été relaxé.e.s.
Personne ne devrait être arrêté, poursuivi ou condamné pour avoir exprimé une opinion pacifiquement
La justice instrumentalisée
Les garanties du droit à un procès équitable n’ont pas été respectées: Des agents souvent en civil ont arrêté, sans mandat, des manifestant.e.s et des militant.e.s dans l’espace public. Un grand nombre de personnes ont été placées en détention provisoire alors que l’article 59 de la Constitution souligne le caractère exceptionnel de la détention provisoire.
Toutes ces violations renforcent le manque de confiance des citoyen.e.s en la justice.
La liberté de la presse menacée
En 2019, au moins 10 journalistes qui couvraient les manifestations ont été arrêté.e.s, au moins trois journalistes sont toujours en détention. Les autorités ont également coupé l’accès à certains sites d’information Tout sur l’Algérie (TSA), Interlignes et Algérie Part.
Il est important que les journalistes puissent assurer la couverture des manifestations sans subir de censure, de harcèlement, d’intimidation et sans avoir peur d’être arrêté.e.s
Les droits humains au cœur du Hirak
Depuis le début du mouvement, le respect des droits humains est au cœur des exigences du mouvement de protestation. Les manifestant.e.s pacifiques revendiquent un Etat de droit, une justice indépendante, le respect des libertés fondamentales, la justice sociale, l’égalité et le respect de la dignité de chacune et chacun. Ils.elles ont compris qu’ensemble ils. elles peuvent changer les choses.
Lors de son discours d’investiture, le président de la République Abdelmadjid Tebboune s’était engagé à répondre aux revendications du Hirak. Il est temps de passer aux actes.