En réaction à une communication officielle obtenue par Amnesty International selon laquelle les autorités libanaises ont expulsé de force quelque 2 500 réfugiés syriens vers la Syrie au cours des trois derniers mois, Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
Nous engageons les autorités libanaises à mettre un terme à ces expulsions de toute urgence et invitons le Conseil supérieur de la Défense à annuler sa décision à ce sujet.
Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient
« Tant que des organismes de surveillance indépendants, comme la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie, ne sont pas autorisés à se rendre en Syrie en vue d’évaluer la situation en termes de sécurité pour le retour des réfugiés, il est impossible de déterminer si ceux qui rentrent seront exposés à de graves violations des droits humains une fois arrivés.
« Il faut permettre cet accès et créer un mécanisme de surveillance en Syrie, une première étape en vue d’amorcer le processus des retours. En attendant, tant qu’il n’est pas possible d’évaluer les risques en cas de retour, toute tentative visant à renvoyer de force des réfugiés constitue clairement une violation du principe de non-refoulement que le Liban est tenu de respecter.
Nous demandons une nouvelle fois à la communauté internationale de partager la responsabilité des réfugiés avec les pays hôtes, notamment le Liban, principalement en réactivant leurs programmes de réinstallation et en usant de leur influence pour faire en sorte que des observateurs indépendants puissent se rendre en Syrie.
Complément d’information
Le 13 mai, la Direction de la Sûreté générale libanaise a commencé à appliquer la décision prise par le Conseil supérieur de la Défense, un organe interministériel chargé de la politique de défense nationale et dirigé par le président de la République, s’agissant d’expulser les réfugiés entrés au Liban « illégalement » après la date du 24 avril 2019. Entre cette date et le 9 août 2019, selon les chiffres de la Sûreté générale et du ministre des Affaires présidentielles, communiqués dans le cadre d’une correspondance officielle avec Amnesty International, 2 447 Syriens ont été expulsés vers la Syrie.
Au 31 juillet, 926 717 réfugiés syriens se trouvaient au Liban, enregistrés auprès du HCR, ainsi que 31 000 réfugiés palestiniens venus de Syrie, enregistrés auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). En outre, l’État libanais affirme qu’environ 550 000 réfugiés vivent sur son territoire sans être enregistrés.