L’ancien président Omar el Béchir doit être traduit en justice pour les crimes de droit international, parmi lesquels des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, qu’il aurait commis au Darfour pendant qu’il était au pouvoir, a déclaré Amnesty International à l’approche de son procès pour des accusations de corruption qui s’ouvre le 18 août à Khartoum.
Omar el Béchir, qui a été destitué il y a quatre mois à la suite de manifestations persistantes contre ses 30 années au pouvoir, sera jugé pour des accusations de possession de devises étrangères, de corruption et d’enrichissement illicite. Le 13 mai, Omar el Béchir a également été inculpé d’incitation au meurtre de manifestants et d’implication dans ces meurtres.
Bien que ce procès soit une avancée positive vers l’obligation de rendre des comptes pour certains de ses crimes présumés, il reste sous le coup d’un mandat d’arrêt pour les crimes odieux qu’il a commis contre la population soudanaise.
Joan Nyanyuki, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs.
« Les autorités soudanaises doivent remettre Omar el Béchir à la Cour pénale internationale afin qu’il réponde des accusations de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont il fait l’objet. Omar el Béchir a réussi à échapper à la justice pendant bien trop longtemps, alors que les victimes de ses terribles crimes attendent justice et réparation depuis que la CPI a émis le premier mandat d’arrêt contre lui il y a plus de dix ans.
Alors que les dirigeants militaires s’approchent d’un accord politique tant attendu avec la coalition d’opposition, la nouvelle direction du pays doit ratifier de toute urgence le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, que le pays avait signé en 2000, et coopérer pleinement avec la cour.
Complément d’information
L’armée soudanaise a renversé et emprisonné Omar el Béchir le 11 avril 2019, après 16 semaines de manifestations contre son régime.
Omar el Béchir, qui a dirigé le Soudan pendant 30 ans, est l’une des personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis le plus longtemps. La cour a émis deux mandats d’arrêt contre l’ancien dirigeant soudanais : le premier le 4 mars 2009 et le second le 12 juillet 2010. Il est accusé de porter une responsabilité pénale dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide, des centaines de milliers de personnes dans la région soudanaise du Darfour ayant été tuées, mutilées et torturées.
En 2016, une enquête d’Amnesty International a permis de recueillir des informations prouvant le recours répété à des armes chimiques présumées contre des civils, parmi lesquels de très jeunes enfants, par les forces gouvernementales soudanaises dans la région du Djebel Marra, au Darfour. Susceptibles de constituer des crimes de guerre, ces attaques rivalisent, de par leur ampleur et leur violence, avec celles sur lesquelles la CPI a précédemment enquêté.