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Contribution de Hassina Oussedik, Directrice d’Amnesty International Algérie publiée sur TSA
« Il n’y a aucune justice dans le fait de tuer au nom de la justice », disait Desmond Tutu.
Le moratoire appliqué depuis 1993 sur les exécutions est en soi une reconnaissance de l’inutilité de la peine de mort. Cependant, des condamnations à mort continuent d’être prononcées par les tribunaux, l’Algérie n’ayant toujours pas aboli la peine de mort.
L’horreur et l’injustice des condamnations à mort sont ancrées dans notre mémoire collective, combien de jeunes femmes et hommes ont été exécutés durant la guerre de libération nationale ? Aujourd’hui, ils sont des figures de notre histoire, dont les noms sont donnés à des rues, des écoles…, etc., à l’image d’Ahmed Zabana, passé sous le couperet le 19 juin 1956 à 4h du matin. C’est pourquoi, l’Algérie se devait d’abolir la peine de mort dès son indépendance.
Notre pays a toujours joué un rôle actif au niveau international en vue d’inciter les pays à cesser de recourir à la peine de mort sans toutefois initier ou soutenir les initiatives nationales dans ce sens. En effet, l’Algérie a toujours parrainé et voté en faveur des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU préconisant un moratoire sur les exécutions.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s’exprimant au Parlement européen à Bruxelles en 2003, avait affirmé être « personnellement favorable à l’abolition de la peine de mort ».
Rappelons que la première initiative pour l’abolition de la peine capitale remonte à la première Assemblée de l’Algérie indépendante. En décembre 2008, un groupe de députés a déposé une proposition de loi visant à l’abolition de la peine de mort car celle-ci « constitue une violation des droits fondamentaux de l’Homme que justifie mal l’argument, louable en soi, de protection absolue de la société ».
En décembre 2014, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme a organisé un séminaire sur « l’abandon de la peine de mort dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ». L’Algérie devrait franchir le dernier pas vers l’abolition pure et simple de ce châtiment cruel et inhumain. Pour rappel, l’opinion publique n’a, à aucun moment, réclamé la peine de mort durant la décennie noire, alors que de graves violations des droits humains ont été commises.
Donc, l’argument, souvent avancé par les États, selon lequel l’opinion publique n’est pas prête, ne se justifie pas toujours. L’opinion publique se détourne de la peine de mort lorsqu’elle est informée.
Les États se doivent de mener des campagnes de sensibilisation sur la réalité des couloirs de la mort et la façon dont la peine de mort est appliquée, ainsi que des souffrances infligées aux familles, particulièrement les enfants. Concernant les victimes de crimes horribles, bien entendu, elles ont droit à la justice, mais la justice ne saurait trouver ses racines dans la vengeance. Le meurtre est inacceptable, qu’il soit le fait d’un individu ou de l’État.
Le véritable test quand il s’agit de soutenir la peine de mort ne réside pas dans la volonté d’exécuter, mais dans la capacité à accepter la possibilité de tuer un innocent. Au Maroc et en Tunisie, qui appliquent aussi un moratoire sur les exécutions, des coalitions d’associations et des groupes de parlementaires sont résolument engagés dans un débat public pour aller vers l’abolition. Nous espérons, que la société civile algérienne puisse renforcer plus activement ce mouvement abolitionniste régional.
L’Algérie devrait, en sa qualité de membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies depuis novembre 2013, adopter une attitude exemplaire en devenant le premier pays de la région à abolir la peine de mort.
Publié le 10 octobre 2015.
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